Volatil
Il était un oiseau de gouttière, qui perché sur les toits, qui caché sous les tuiles n'avait gardé de sa misère en ville qu'une plume rebelle.
L'oiseau citadin migrait de fenêtres fermées vers des panneaux de verre, mirant des reflets vitrés de ciel ouvert dans des glaces revêtues d'étain.
L'oiseau rêveur se faisait un pays d'un peu de verdure ; croyant pourtant identifier l'âme soeur dans quelque rétroviseur, il restait seul, collé contre la couverture métallique des voitures.
L'oiseau prisonnier, niché entre les lignes électriques, observait discret l'attroupement scénique des autres compères zélés, prêts à partir en chantant au-delà des terres.
Ce drôle d'oiseau muet, au plumage défait, esquisse d'un essor, sautillait sur des murets en guise de voltige et n'avait pour tout vertige que la cime des bâtisses.
Il était une fois, un oiseau témoin trop appliqué à nous regarder vivre, un oiseau mime... volatilisé.