Mon appart'errance
Je vis dans une appart'errance reculée en banlieue
Dans un champ, un édifice, immeuble dégagé, au milieu
Autour : herbes folles, campagne dépravée, terrain vague
A perte de vue : un reste de verdure, de nature qui divague
Je vis dans une appart'errance de quelques mètres carrés
Au petit bonheur la chance de trouvailles meublée
De petits détails définitifs que j'ai fixés au mur
D'objets décoratifs dont ma personne a cure
Au dernier étage, confinée sous les combles
J'habite au secret une appartenance qui me comble
Pièce unique, une porte, sans couloir ni pénombre
Sa lumière m'emporte quand dehors baigne à l'ombre
C'est la couleur d'un soleil qui force mes fenêtres
Au-dessus des routes enchevêtrées, du noir de l'asphalte
C'est la douceur d'un miel qui m'efforce et fait naître
Une vigueur des sens, une lueur d'essence, l'espoir d'une halte
D'une halte-rêverie d'adolescence à demeure
Qui de moeurs en songeries, tactique d'une horloge intime
Aspire l'air de rien à cet enclos vital, partie d'un tout infime
Initiale ferveur qu'on me dénie alors, et hors loge je meurs...
Car d'où me vient ce soleil, sinon de l'intérieur
Cette clarté cognant au carreau même de l'authenticité
Et qui donne à faucher le champ de liberté
En récolter les blés et les semer ailleurs ?
Je dévie dans une appart'errance pyramidale, à mille lieux
Des râles de la réalité, loin aussi du pied-à-terre d'un dieu
Prophète en mon royaume, je dédie mon natif advenir
A celles qui sans appartenance n'en n'ont pas moins d'à venir